Mon nom est Paola, je suis Bolivienne, et responsable de l’équipe multi-média de Terra Group, chargée de la création de sites web, de leur design, de leur référencement …

Je baigne dans le voyage, mais seulement depuis mon ordinateur, à travers les photos et les descriptions que j’intègre dans nos nombreux sites.

Un jour j’ai décidé qu’il était temps de changer cela, et de découvrir ces endroits spectaculaires que je connais sans les connaître, à commencer par ceux qui se trouvent dans mon propre pays.

Aussitôt dit, aussitôt fait, direction le salar d’Uyuni et la région des Lipez, parsemée de lagunes, de volcans et de sources d’eau chaude, justement l’un des sites les plus spectaculaires de Bolivie, en compagnie de mes collègues, Noelia, Luis, Ivan et Juan.

Une journée de transfert en bus puis en train depuis La Paz, et nous voilà à Uyuni, petite ville balayée par les vents de l’altiplano.

Le salar n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres, sa présence proche nous tient excités toute la soirée, demain on y est !

Notre expédition en 4×4 débute par le cimetière des trains, à la sortie sud de la ville.

Des carcasses de locos et de wagons qu’on dirait sortis d’un western rouillent paisiblement au milieu de nulle part.

Mise en bouche sympathique, mais nous attendons le grand moment, celui où nous foulerons l’immense désert de sel, la plus grande surface plane de notre planète avec ses 10.500 km2.

Encore 40 minutes de piste et voici le moment tant attendu, nous pénétrons enfin sur le lac salé.

Sa blancheur semble s’étendre à l’infini, seuls quelques volcans enneigés marquent ses limites au loin.

Nous progressons sur la croûte de sel, mais chaque kilomètre parcouru se transforme en centimètre, comme si nous n’avancions pas tant le paysage est figé.

La notion de l’espace est altérée, le ciel semble s’unir à la terre, la verticalité s’estompe.

Après plus d’une heure dans cette ambiance surréelle, nous parvenons à l’île d’Incahuasi, “la halte de l’inca” en Aymara.

Encore un cliché ultra familier que ces cactus géants et centenaires qui hérissent le monticule de terre et de pierre.

Je ne suis pas vraiment surprise, simplement enchantée de les approcher, comme de vieilles connaissances.

Après une balade sur l’île, nous poursuivons, cap au sud. Durant la traversée du salar, qui dure quelques heures, nous sortons les appareils photos pour jouer avec les perspectives et notre imagination au milieu de l’immensité immaculée.

Perdre l’équilibre, faire le mort, sauter dans toutes les positions, être menacé par un dinosaure, se jucher sur une canette de bière, se libérer de son ombre, défier les distances … tout sauf s’ennuyer.

En quittant le salar d’Uyuni, nous continuons notre aventure vers le sud, et faisons halte au village de San Juan où nous attend un refuge sommaire mais ô combien apprécié sous ces latitudes gelées.

Nous reprenons la route, encore éblouis par l’expérience vécue hier, sans imaginer que  la journée qui commence sera du  même calibre.

Après San Juan, le paysage est désertique, la route serpente entre les volcans, innombrables, dans un environnement purement minéral : à peine quelques touffes d’herbe de temps en temps, et aucune forme de vie animale.

Soudain, nous voici nez à nez avec une colonie de flamants, qui nous surveillent, l’air dédaigneux, les pieds trempés dans l’eau glacée d’une lagune d’altitude.

C’est Cañapa, première d’une série de lagunes de belle taille connues sous le nom de joyas andinas (les joyaux andins).

Quelques kilomètres à peine la séparent des lagunes suivantes, Hedionda, Chiarcota, Ramadita, Honda, où l’on retrouve à chaque fois les flamants, qui sont moins gênés que nous par les odeurs fétides de vase et de borax qui émanent des eaux multicolores.

Nous laissons les lagunes derrière nous pour découvrir le désert de Siloli, qui ressemble à un jardin japonais : le sol caillouteux est zébré par les traces des nombreux véhicules qui l’ont traversé, comme autant de coups de rateau.

Tout à coup, le paysage change et des formations rocheuses, vestiges d’éruptions volcaniques millénaires, surgissent du sol. L’érosion incessante a créé des monuments de toute beauté, dont le symbole est l’arbol de piedra, l’arbre de pierre, arrêt inévitable, photo obligatoire.

La fin de la journée nous réserve un spectacle inoubliable : nous parvenons peu avant le coucher du soleil à la laguna Colorada, immense lagune dont les tonalités vont du pourpre à l’orange, et où s’ébattent des milliers de flamants, vision magique.

Le refuge est des plus sommaires, mais nous nous endormons bercés par le souvenir encore frais des merveilles que nous avons eu le privilège de contempler.

Le troisième et dernier jour de l’expédition commence à 5h du matin. C’est en effet à l’aube que les geysers Sol de Mañana (soleil du matin) sont le plus spectaculaires, et il faut compter une bonne heure pour s’y rendre depuis la laguna Colorada.

Heureusement le 4×4 est chauffé car la température frise le négatif.

Nous arrivons au lever du soleil sur le site pour observer les marmites grises et bouillonnantes qui produisent une intense et épaisse fumée.

Petite déception lorsque nous arrivons aux eaux thermales : elles sont bien plus petites que ce que j’imaginais, nous ne nous mêlerons pas aux touristes qui sont entassés dans la mare brûlante.

Toujours plus au sud, nous traversons le désert de Dali, le bien nommé, tant il semble sorti d’un tableau du maître espagnol avec ses roches aux formes bizarroides.

Nous sommes proches du dernier arrêt avant la frontière : la laguna Verde est maintenant devant nous, dominée par l’imposante masse cônique du Llicancabur et ses presque 6000 mètres.

Sous l’effet des rayons du soleil, l’eau change de couleur sous nos yeux ébahis, du vert pomme au vert émeraude.

Ce sera la dernière image forte avant d’entreprendre le retour vers Uyuni, puis de là vers La Paz pour retrouver mon quotidien.

Sur la route du retour, je ne peux m’empêcher de me demander comment j’ai pu attendre aussi longtemps pour me décider à connaître ces endroits incroyables.

Comme je l’ai souvent vu écrit par des voyageurs, ni les images ni les mots ne peuvent en donner la véritable mesure.

Contactez Paola pour plus d’informations sur ce séjour.