Le voyage de Punta Arenas (Chili) à Ushuaïa (Argentine)

Et voilà, un jeudi j’ai laissé les dossiers, les ordinateurs, mes collègues qui tentent de se réchauffer dans le printemps très frais de Patagonie, et je suis partie… cap au sud ! Découvrir lors d’une croisière de 5 jours les fjords et les canaux chiliens, la faune et la flore, et mettre les pieds sur le bout du monde, la Terre de Feu qui nous fait souvent rêver depuis l’Europe.

Plusieurs mois après ce voyage, plein d’images et de rencontres en tête. Et une phrase en leitmotiv : j’ai eu trop de chance !

Avec le temps, en terres Australes agrentines

En  mer ou sur terre, nous avons eu des journées douces et presque sans vent, du soleil austral du matin au soir dans une région réputée pour la rudesse de son climat. Les locaux nous l’ont répété: “ce temps-là c’est exceptionnel, ce n’est pas normal”.

Comme dans ma Bretagne natale, à Punta Arenas le temps change : nous avons pu découvrir la ville sous un mélange de brume et de soleil, et ses maisons de tôle aux couleurs vives, en bord de steppe fouettée par les vents. Comme il ne pleuvait pas, nous avons posé comme des corsaires dans les reproductions grandeur nature des premiers bateaux d’exploration du Détroit de Magellan, construites par le propriétaire du musée Nao Victoria qui borde le détroit.

Une croisière jusqu’au Cap Horn!

Surtout, une navigation tranquille, sur les canaux et les fjords, tellement tranquille que nous avons pu, le 29 septembre 2015, débarquer sur le Cap Horn. Moment de jubilation intense en découvrant le monument de granit avec plaque commémorative offert par les Cap-Horniers de Saint Malo, qui se dresse face à l’Antarctique.

Cerise sur le gâteau, une mer d’huile nous a même permis, ce jour-là, de faire le tour du Cap Horn : passage rapide sur la mer de Drake, qui mène à l’Antarctique, pour contempler le Cap depuis la mer. Même par vent de force 2, ça secoue, et on pense aux nombreux marins qui l’ont passé, et à toutes les épaves qui jonchent les fonds marins dans ce passage inter-océanique.

Le soleil nous a accompagné dans la découverte de la Baie Walaía, avec vue sur le glacier Marinelli, sur les îles Tucker pour observer les manchots et les cormorans depuis notre zodiac, et jusqu’au Cap Horn. Lorsque le temps se gâte sur l’île Navarino, dans la Baie Wulaía, les jeux de lumière contrastent le gris des nuages et le blanc de la neige des sommets qui longent le canal de Murphy.

Au programme tous les jours, le lever de soleil austral, qui embrase le ciel et met du rose et du jaune au-dessus du bleu de l’océan.

Avec le bateau, en croisière

Comment c’est au fait de voyager dans une croisière ?

Ça veut dire qu’on incorpore, déjà, un roulis continuel. On est bercé par le bateau. Une fois sur terre on marche de guingois, par habitude.

Tous les matins et tous les soirs, on a des lumières magnifiques, reflétées par les eaux et détachant chaque sommet enneigé de part et d’autre du canal.

Les journées sont rythmées par de très bons repas, des conférences thématiques traduites simultanément, et des sorties en zodiac. Pour aller rencontrer les manchots de Magellan, les cormorans impériaux, les dauphins australs, et toute la flore typique de la région de la Terre de Feu, résistant aux conditions très rudes et qui s’offre en camaïeux pour les yeux des photographes.

Pour tout voyageur souhaitant rester à bord, la bibliothèque de bord permet d’apaiser sa curiosité.

Vous pourrez ainsi en savoir plus sur les Yamanas, qui vivaient à bord de canoés toute l’année, les nothofagus aux feuilles dentées, et la centolla ou crabe royal de Patagonie, à la chair délicate, que nous avons pu déguster à bord.

Le service à bord du bateau, tel que promis par mes collègues, est impeccable. Tout le personnel de bord est disponible pour expliquer, commenter, renseigner à tout moment, tout en travaillant intensément. Le capitaine ouvre même la cabine de pilotage lors d’une brève visite, où nous avons pu observer le timonier marquer chaque mille marin passé sur la carte maritime.

Les canaux chiliens sont réputés pour leur dangerosité, il est donc obligatoire dans ces eaux territoriales, de se faire accompagner par un pilote chilien. L’équipage de l’Australis est heureusement expérimenté et tous naviguent depuis plusieurs années sur la côte Pacifique.

Avec mes compagnons de voyage jusqu’au Cap Horn

Tout voyage est un moment de partage, et dans un départ de groupe, on sait à quel point ça compte pour apprécier les pays qu’on découvre.

J’ai eu la chance d’accompagner des grands voyageurs, amateurs de nature, de paysages, de rencontres… photographes, gourmets et surtout profondément heureux d’être partis s’aventurer au bout du monde, en Patagonie Australe fin septembre alors que la neige était encore présente sur les sommets.

Alors voilà, pendant cette semaine dans le sud du Chili et de l’Argentine, nous avons partagé avec Arlette, André, Charles, Jean-Jacques, Nicole, Ludovic, Jacques, Claudine, Elizabeth, Régis et Françoise :

L’éclipse totale de lune au-dessus des eaux noires, l’histoire des populations locales depuis longtemps disparues, de nombreuses discussions sur la vie en Argentine (que je connais mieux que le Chili) ;

Un sacré fou rire et pas mal de fatigue lorsque 16 nationalités ont dû patauger dans la neige en file indienne sur quelques mètres pour explorer la Baie Wulaia ;

Des moments de silence en contemplant les glaciers Pia, Marinelli et les détroits visibles depuis l’île Navarino, où seul le vent s’écoute;

Un whiskey ou un chocolat chaud pour se réchauffer face aux glaciers;

Le débarquement sur la Terre de Feu au petit matin, où les montagnes Martial encadrent la petite ville d’Ushuaïa, avant de découvrir le parc de la Terre de Feu et le musée de la prison du Presidio, aux cellules intactes, peuplées de courants d’air.

Et surtout, des baies de Calafate, en glace, en cocktail et en gâteau, car manger du calafate , comme on le dit partout, signifie qu’on retournera en Patagonie un jour.

Fin du voyage à Ushuaïa, je laisse mes compagnons partir à la rencontre du glacier Perito Moreno à El Calafate, et je pars sur le Beagle saluer le phare des Eclaireurs.

Retour au nord de la Patagonie, heureuse qu’au cours du voyage, toutes les rencontres et les moments aient mis en valeur la gentillesse des habitants de cette région rude : les guides, les chauffeurs, le personnel d’hôtellerie, les serveurs… heureux de faire découvrir et de partager des moments avec les voyageurs de passage.

Consultez en ligne le programme complet de la croisière de Punta Arenas à Ushuaïa dont voici le parcours détaillé :

Carnet de bord, photos et vidéos de Justine Schmutz, conceptrice voyages chez Terra Argentina.

Contactez Justine pour plus d’informations sur les croisières en Patagonie argentine.