Récit et photos de Maxime Colosimo, concepteur voyage chez Terra Andina Bolivia. |
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Sucre
Je commence mon voyage par la ville de Sucre, que l’on surnomme la ville blanche et qui, avec moins de 300 000 habitants est en fait la véritable capitale de la Bolivie, comme aiment à le rappeler avec fierté ses habitants. Ce sentiment est cependant justifié. De nombreux Boliviens ont toujours tendance à prendre La Paz pour la capitale, Sucre ayant perdu le pouvoir exécutif lors de la guerre civile de 1898. La ville blanche n’abrite que le pouvoir législatif qui est d’ailleurs la première source économique avec près de 4000 avocats.
Je retrouve Céline, guide francophone et spécialiste de la ville. Elle m’emmène visiter la « Casa de la libertad » où fut signée l’indépendance de la Bolivie, premier pays d’Amérique du Sud à vouloir son indépendance vis-à-vis de la couronne espagnole, mais finalement le dernier à l’obtenir. Malheureusement, l’indépendance ne changea pas le sort des populations autochtones. Bien qu’ayant participé activement aux insurrections, ils continueront d’être exploités par les créoles pendant plus d’un siècle.
Nous visitons ensuite le monastère Franciscain de La Recoleta, avec ses patios remplis d’orangers, ses fontaines et son potager qui en font un véritable havre de paix à seulement 15 minutes du centre-ville. Je termine la matinée avec Céline par le musée du textile et de l’art indigène, un véritable coup de cœur. Il abrite une collection stupéfiante de tissus relatant aussi bien des scènes de vie quotidienne des habitants de la région que leur « cosmovision » ou vision du monde. L’espace abrite également des ateliers de tissage toujours bien vivants. Ces tissus représentent la mémoire de ces communautés.
Durant l’après-midi, je visite des hôtels à Sucre.
Maragua
Après un petit déjeuner exceptionnel à l’hôtel Su Merced, je rejoins Christophe, professeur de langue de formation et spécialiste des environs de Sucre. C’est dans la brume matinale que nous commençons notre journée en direction de la « Cordillère de Los Frailes » et du village de Chataquila pour attaquer « El camino del Inca », qui est en fait un chemin préhispanique de 5 kms de long. Petit à petit, le temps s’améliore et l´histoire géologique de cette région se révèle sous nos yeux. Nous contemplons à travers la vallée ses formations de couches de roches, accumulées pendant des millions d’années, le passage du Jurassique au Crétacé.
Comme le temps s’améliore, je me dis qu’il y a sous doute des chances d’admirer le condor des Andes. Nombreux dans cette région, ils ont l’habitude de survoler ces vallées par temps dégagé. Apres un déjeuner champêtre arrosé d’un petit vin local, nous reprenons notre route en direction du Cratère de Maragua, quelle chance! Nous apercevons un condor! A peine arrivé, je recherche les traces d’éventuels débris de roche extraterrestre sur le sol lorsque j’apprends que ce cratère n’est pas dû à une météorite mais à un mouvement en « u » de plaques tectoniques que l’on appelle un Synclinal. Nous continuons à pied en direction d’un canyon qui abrite « La gorge du diable » une grotte qui ressemble à une mâchoire monstrueuse dont les stalactites et stalagmites prennent la forme de canines géantes. Nous retournons à Sucre en fin d’après-midi.
Tarabuco
En route pour le village de Tarabuco et son marché de tissus artisanaux célèbre dans tout le pays. Nous arrivons sur la place principale où nous pouvons admirer les fameux tissus, à demi cachés par les textiles industriels, lesquels « sont tous fabriqués au Pérou ! » m’avait confié Luis, un ami tisserand de La Paz. Il y a également cette sculpture déconcertante représentant un indigène arrachant et dégustant le cœur d’un conquistador espagnol, les yeux injectés de rage et de sang. Heureusement, la tranquillité et la gentillesse des habitants viennent contrebalancer la gêne ressentie.
La visite se dirige rapidement vers le marché de consommation courante, très représentatif de la culture de la région, avec ses têtes de veau à moitié tondus, ses piments et céréales locales. Dans ce marché se pratique d’ailleurs le troc en guise de paiement entre producteur et commerçant. Nous retournons ensuite sur la place principale pour pouvoir admirer et acheter les tissus artisanaux des communautés Jalq’a, Cacha et Tarabuco. Je rentre seul en début d’après-midi sur Sucre pour ne pas rater mon bus pour Uyuni.
Uyuni-Villamar
C’est parti pour 4 jours d’expédition 4×4 à travers le Salar d’Uyuni et le Sud Lipez. Nous commençons par le cimetière de trains, véritable musée à ciel ouvert de ces trains à vapeur qui au début du XIX siècle transportaient des métaux précieux jusqu’au port d’Antofagasta pour permettre son exportation vers l’Europe. Nous arrivons ensuite à San Cristobal, un village minier moderne se trouvant à quelques kms de la plus grande mine à ciel ouvert du pays, extrayant principalement de l’argent, du plomb et du zinc.
Nous déjeunons dans ce village et avons la chance de goûter au quinoa certifié bio de Don Paulino ; notre chauffeur/guide originaire de la région et également producteur du « grain d’or ». Apres 2 heures de route, nous passons près du « Canyon de la Cascade » où s’écoule une rivière dans laquelle quelques lamas et vigognes viennent se rafraîchir. Nous poursuivons vers les surprenantes « Vallée de pierre » et « Ville de Pierre », deux énormes champs de blocs rocheux. Nous avons le plaisir d’en rencontrer les habitants, les viscaches, sorte de lapin andin, en plus dodu. Nous reprenons notre route et rencontrons des ñandus, les autruches andines, plus petites que leurs cousines d’Afrique.
Nous arrivons à la Laguna chullunkani, où nous pouvons observer les premiers flamants roses, présents par centaines, volant la vedette aux autres occupants de la lagune, les oies et canards andins. Nous terminons notre journée au village de Villamar.
Villamar-Laguna Colorada
Nous partons de Villamar en direction des Termes de Polques. La température de ce jacuzzi naturel et sa forte teneur en minéraux ont un effet plus que relaxant. Toujours cap au Sud, nous traversons le désert de Dali, dont la forme des roches volcaniques rappelle certains des paysages du peintre. Nous atteignons l’extrême Sud de notre circuit avec les lagunes « Challuiri », « Blanca » y « Verde ». Cette dernière doit sa couleur à l’importante concentration de carbonate de plomb, de souffre, d’arsenic et de calcium. Autant vous dire que cette lagune n’abrite aucune vie.
Nous remontons vers le Nord en direction des geysers « Sol de mañana ». Nous pouvons nous balader tranquillement sur ce sol lunaire à 5000 m d’altitude entre geysers, fumerolles et mares de boue. Nous terminons notre journée par l’incroyable laguna colorada, une lagune rouge orangée par l’activation d’une algue microscopique générée par radiation solaire.
Laguna Colorada – San Juan
Départ du refuge pour commencer notre journée avec l’arbre de pierre, une roche sculptée par les vents et le sable du désert et qui ressemble étrangement à un bansaï géant. Nous continuons notre route et traversons le désert de Siloli, l’un des plus arides du monde, entouré par des volcans à la palette de couleur proche d’un décor martien. Nous attaquons ensuite la route des joyaux et ses innombrables lagunes chacune comptant plus de flamants roses que la précédente.
Entre deux lagunes, nous avons la chance de croiser un renard andin, s’approchant chaque fois plus près et révélant ses yeux de velours tel le Chat Potté des films d’animation Shrek. Celui-ci est en fait un habitué des lieux, nous dit notre chauffeur. Il espère juste un petit en-cas que lui laissent de temps en temps les touristes. Nous nous rendons après le déjeuner au mirador de Volcan Ollagüe, d`où nous pouvons observer la fumerolle toujours active. Avant d’arriver au village de San Juan, lieu de notre refuge, nous traversons le Salar de Chiguana, qui, à cause des poussières déposées à sa surface par les vents, ressemble plus à un désert de terre.
En arrivant au village situé sur la rive sud du Salar, nous visitons les momies des “Seigneur des Lipez”, nobles d’une communauté pré-incasique qui peuplait la région durant la première partie du deuxième millénaire. Nous avons également la bonne surprise de découvrir que notre auberge est presque entièrement faite de sel. Les murs, le sol, le toit, et même mon lit, tout est blanc!
San Juan – Uyuni
Nous continuons plein Nord en passant par Villa Carmelita, village natal de Don Paulino et dont la principale ressource économique est la plantation de quinoa. La région d’Uyuni abrite en effet une vingtaine de variétés sur la soixantaine présente dans l’ensemble du pays. Nous passons en quelques minutes des champs de Quinoa fraîchement semés à une étendue infinie aveuglante : le Salar d’Uyuni. Après avoir pris quelques photos et jouer avec les effets d’optique que permet la superficie de cet océan de sel, nous arrivons sur l’Île « Incahuasi » littéralement « la maison de l’Inca ». Cette oasis située au milieu du plus grand désert de sel du monde est en fait d’origine volcanique, ce qui a permis le développement d’une incroyable faune et flore, dont le cactus géant et la viscache.
Apres une courte montée pour arriver au mirador de l’île, notre effort se voit récompensé par une vue époustouflante du Salar à 360°, dont seuls quelques volcans viennent trancher avec l’horizon infini. Nous continuons notre route, reprenons quelques photos et arrivons au monument du Dakar, une immense statue représentant la figure du touareg du rallye édifiée tout en sel. Nous arrivons finalement au terme de notre expédition 4×4 à travers le Sud-Ouest du pays avec le village de Colchani, où une dizaine de familles exploitent encore le sel de manière artisanale. Nous avons la chance d’entrer dans une de ces exploitations et pouvons observer le traitement de montagnes de sel, le séchage, le moulage, l’iodation et l’emballage en petits paquets destinés à la consommation humaine.
Uyuni – Colchani – Potosí
Ce jour-là, je visite les hôtels d’Uyuni et les hôtels de sel de Colchani.
Potosí
C’est par la visite des mines de Potosí que je termine cette longue et riche semaine de reconnaissance. A peine récupérés à l’hôtel par notre guide, le ton est donné. Nous entrons dans le fameux marché des mineurs ou nous découvrons casques, masques de protection, bottes, pelles et des centaines d’autres équipements destinés à l’extraction minière. Nous sommes d’ailleurs invités par notre guide à acheter des bâtons de dynamite, du salpêtre et de la nitroglycérine pour offrir aux mineurs, ainsi que de la Coca et de l’alcool à bruler pour offrir au « Tio », la divinité protectrice de la mine.
Nous remontons dans le bus qui nous emmène cette fois au pied du mont « Cerro Rico », d’où les Espagnols arrachèrent tant d’argent qu’il est dit qu’ils auraient pu construire un pont reliant l’Amérique du Sud à l’Europe seulement avec ce minerai. Nous entrons dans la montagne et plongeons dans l’obscurité complète à travers un passage étroit. Les reflets étincelants des dizaines de minéraux présents dans les « veines » de la montagne se révèlent à la lumière de nos torches. Nous longeons les rails étouffés par l’eau et la boue lorsque nous croisons les premiers mineurs circulant à toute vitesse à travers la galerie, dans laquelle il est impossible de se tenir entièrement debout. Ils doivent en effet extraire chaque jour deux tonnes de minerais en 8 heures de travail, nous disent-ils. En poursuivant, nous tombons nez à nez avec un jeune mineur. Le jeune garçon de 17 ans arrête son travail, sort une petite boite compartimentée remplie de minérais précieux et à notre grande surprise nous révèle tous les secrets de son contenu en français. Peut-être un futur guide Terra?
Contactez Maxime pour plus d’informations sur ce circuit.
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