Carnet de voyage en Terre de Feu chilienne par Maud, conceptrice voyages chez Terra Chile. |
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C’est avec Camille, conceptrice voyage comme moi chez Terra Chile, que je pars à la découverte de cette terre énigmatique, à l’extrême Sud du Chili : la Terre de Feu. Et oui, la Terre de Feu ne se résume pas à Ushuaia en Argentine, une partie de l’archipel se trouve au Chili et offre bien des atouts aux voyageurs en quête de terres sauvages, loin des hordes de touristes.
Ce fut pour moi un voyage particulier puisque c’était ma première découverte de ce pays incroyable, en dehors de nos bureaux à Valparaiso. D’autres voyages ont suivi depuis, tous plus dépaysants les uns que les autres, mais ce n’est pas le sujet du jour!
Avant de vous raconter notre aventure, je sens qu’une question vous brûle les lèvres, alors autant assouvir votre besoin de connaissance tout de suite. Voici la réponse à la question « Mais pourquoi ce nom, Terre de Feu ? » Son nom, l’archipel le doit à Fernand de Magellan, explorateur et navigateur portugais, qui en 1520, vit des fumées se lever sur les rivages, il le baptisa avec une originalité déconcertante « Terre de fumées ». Mais son roi et mécène espagnol Charles Ier, apparemment plus inspiré, jugea « Terre de Feu » plus poétique.
Maintenant que vous êtes prêts, je vous emmène donc avec moi à la découverte de ce bout du monde, dernière étape avant les étendues glacières de l’Antarctique et plus grande île d’Amérique du Sud partagée entre le Chili et l’Argentine.
Départ de Santiago à 5h50 pour arriver à Punta Arenas de bon matin après 3h30 de vol. La découverte de la Cordillère des Andes vue du ciel est impressionnante, le voyage commence fort. Après avoir récupéré notre véhicule 4×4, nous prenons la direction de la Tierra Del Fuego pour 8 jours de découvertes, non sans une grande excitation.
Deux itinéraires sont possibles pour rejoindre Porvenir, notre première étape.
Le premier, que nous avons testé à l’aller, est de prendre la direction de Rio Gallegos puis Punta Delgada en 1h40 de route. De là, un ferry nous débarque sur la plus grande île de l’archipel de Terre de Feu, Isla Grande. Vous rejoignez ensuite la ville de Porvenir par la piste. Il n’est pas possible de réserver le ferry, mais celui-ci opère toutes les 40 min environ de 8h30 à 1H30 du matin et la traversée dure 20 min. Le paiement se fait sur le bateau directement.
Le deuxième itinéraire, que nous avons testé au retour, vous fait partir de Punta Arenas en bateau et rejoint directement Porvenir en 2h de traversée seulement. L’inconvénient est qu’il faut réserver à l’avance le ferry en indiquant la plaque d’immatriculation du véhicule. De plus, il n’y a qu’un départ par jour seulement et la traversée peut être annulée en cas de mauvais temps sans préavis. La mer y est ici régulièrement agitée.
Nous voilà donc sur la route asphaltée (l’un des rares moments de notre voyage où ce fut le cas, cela valait une précision), entourées de la steppe patagonienne, en direction de Punta Delgada lorsque nous rencontrons nos premiers guanacos, avec leurs robes rousses et leurs têtes et leurs queues sombres, les différenciant des vigognes. Les premiers d’une longue série, mais nous les avons toujours observés avec autant d’enthousiasme!
Nous continuons notre route et faisons un arrêt à l’Estancia San Gregorio. Ce fut la première exploitation agricole à s’implanter en Patagonie chilienne en 1878. Elle illustre parfaitement les nombreuses estancias de la fin du 19ème siècle, organisées comme autant de petites villes autonomes. Elle est maintenant abandonnée mais à l’époque elle a accueilli jusqu’à 1158 personnes et possédé plus de 6800 hectares.
Nous arrivons par le ferry de Punta Delgada à Puerto Espora, de l’autre côté de la Baie San Gregorio. Ca y est, nous voici en Terre de Feu, cette région hostile, battue par les vents et les courants. Nous sommes alors au milieu de la pampa, entourées de guanacos. 2h de route sur une piste en moyen état sont nécessaires pour rejoindre Porvenir. Seule ville de la région avec ses 7.600 habitants, nichée au bord de la baie du même nom, Porvenir est idéale pour une première étape de votre voyage et faire les réserves nécessaires pour la suite de votre exploration. Cela dit, une nuit est amplement suffisante. Nous en profitons pour faire le plein d’essence et acheter le nécessaire à notre survie en Terre de Feu : nourriture, eau et bidon d’essence de 30 Litres.
Puis nous reprenons notre route en direction de l’Estancia Cameron. Nous longeons alors la superbe côte de la Bahía Inútil avant de nous arrêter au parc Pinguino Rey, rare endroit où l’on peut observer des manchots royaux, deuxième plus grande espèce de manchots après les manchots empereurs. Depuis quelques années, une colonie de manchots royaux a élu domicile au large d’une plage. Un vrai miracle, car en principe ces oiseaux vivent dans les régions froides antarctiques et sub-antarctiques. L’occasion ici de les observer à distance raisonnable grâce à l’aménagement, certe sommaire, mais existant du parc.
Nous arrivons en fin de journée à l’Estancia Cameron où nous pensions être à destination mais c’est en fait au lodge Cameron que l’on nous attendait. Après avoir relu les indications routières de notre hôte (plus de signal téléphone ici), nous repartons pour encore 60 km de route et nous trouvons enfin le lodge, le début de soirée est déjà arrivé. Nous y trouvons un accueil très chaleureux et une impression agréable d’être reçues comme des amies de passage plutôt que des clients. Après un repas très copieux avec des mets typiques de la région, notre guide, Hector, nous rejoint pour déterminer ensemble du programme du lendemain. La région comme le lodge sont réputés pour la pêche sportive, nous nous décidons donc pour cette activité malgré quelques appréhensions, car ni Camille ni moi, n’avions pêché auparavant. Mais bon, qui ne teste pas n’est pas Terra, nous ne voulions pas rentrer sans avoir essayé cette activité.
Après une bonne nuit de sommeil, le guide nous fournit l’équipement de pêche à mettre avant de partir au-dessus de ses vêtements : salopette étanche pour garder les jambes et pieds au sec et grosses chaussures. Hector installe les cannes à pêche sur la voiture et nous partons en direction du Rio Grande en 4×4. Arrêt photos en cours de route avec une vue panoramique sur la pampa.
Après quelques explications sur le maniement de la canne à pêche, nous partons nous exercer au milieu de la rivière avec nos cannes de débutants. La rivière regorge de truites et saumons sauvages. Après une heure et quelques essais infructueux, les lignes coincées dans les pierres ou encore des algues récupérées en seul trophée, la séance de pêche semble mal entamée mais le guide reste patient ! Il nous donne quelques conseils et nous aide à améliorer notre technique.
Nous ne perdons pas espoir et partons en direction d’un autre spot, à quelques minutes de voiture. Nous nous mettons en piste et commençons à apprécier ce sport, pour lequel nous avions, il faut l’avouer, quelques préjugés et très peu d’intérêts. Une petite demi-heure de lancé de cannes plus tard, ça mord enfin pour moi, je sens quelque chose au bout de la ligne. La canne se courbe dans tous les sens et il devient difficile de gérer la situation car le poisson y met de plus en plus de force. N’ayant pas appris comment ramener le poisson à la berge (surement prévu en deuxième partie de la leçon « Comment pêcher pour les nuls »), Hector reprend la canne en main. Apres 10 minutes de lutte entre Hector et la bête, le poisson sort enfin de l’eau. C’est alors que nous découvrons un saumon sauvage de 14kg…belle prise pour une première ! Notre guide se dépêche d’enlever l’hameçon de la bouche du poisson et après quelques photos, il l’accompagne à l’eau. Malheureusement, l’hameçon étant rentré trop profondément dans les bronches du poisson, celui-ci a perdu trop de sang et de force et n’arrive pas à repartir comme nous l’aurions souhaité. Apres plusieurs tentatives d’Hector de remise à l’eau, nous nous résignons et le ramenons au Lodge Cameron où il sera dignement dégusté en ceviche le soir même. Je ne vous raconte pas la tête du cuisinier quand on lui a ramené le poisson, il n’avait jamais cuisiné de saumon aussi gros depuis qu’il travaillait ici! La pêche est sportive dans cette région mais il arrive parfois quelques accidents, le poisson est donc mangé.
Apres avoir déjeuné au lodge, nous partons avec notre guide pour une ballade sur les hauteurs du Lago Blanco. 1h de route depuis le lodge puis 1h de marche sur un sentier plat et très facile d’accès, qui mène à un barrage de castors, point final de la ballade. Le sentier traverse une forêt de lengas (hêtre austral) et longe le lago Blanco. Nous rentrons en fin de journée au Lodge Cameron où le dîner nous attend.
Le lendemain, nous partons vers la réserve de Karukinka, située à 1h30 du Lodge Cameron et à 30 minutes du croisement de Pampa Guanaco (seul endroit de la Terre de Feu où il y a du réseau téléphonique). Nous évoluons toujours sur de la piste mais la route se fait plus vallonnée et nous apercevons quelques collines. L’accueil dans la réserve de Karukinka est très simple, ce sont des gardes forestiers qui gèrent les refuges du parc et l’entretien des infrastructures, mais ce ne sont pas des professionnels du tourisme. La seule langue parlée reste l’espagnol. Nous passons 2 nuits dans un refuge au confort sommaire mais propre où l’on cuisine sa nourriture apportée de Porvenir sur une cuisinière à bois.
Sur place, il est possible d’emprunter plusieurs chemins de randonnée qui sont balisés et d’observer des oiseaux et castors. Nous avons eu l’occasion de tester les principaux sentiers :
- Mont Pietro : Une belle boucle de 4h qui offre une vue panoramique sur toute la région,
- Laguna del Cura : 6h de marche environ, qui permet d’approcher une belle lagune entourée de collines. Il s’agit d’une boucle agréable avec beaucoup de passages en forêt et nombreux ponts à passer.
Après ce séjour rustique, nous reprenons la route et revenons un peu sur nos pas pour visiter l’Hosteria Las Lengas, située au milieu d’une forêt de Lengas avec une vue imprenable sur le Lago Blanco. Une belle possibilité d’hébergement pour profiter de la région si on n’est pas adepte de l’option « cuisinière à bois », par contre il faut aimer l’option « peau de bête sur le lit ». On y trouve une ambiance familiale et authentique. Le propriétaire est aussi le maire de la commune de Temaukel et possède des terres pour l’élevage du bétail. Ce qui nous a valu de nous retrouver après le déjeuner au milieu des gauchos de la région en plein travail à l’occasion du marquage des veaux de la saison. Ambiance locale garantie!
Nous reprenons, après cette expérience forte en émotions, la route en direction du Lago Deseado, dernière grande étape de notre périple (2h30 de trajet depuis Pampa Guanaco). Sur la route, le paysage devient plus montagneux et la piste sinueuse. Quelle belle surprise en arrivant à destination : nous découvrons un lodge parfaitement intégré à la nature environnante, tout en bois, en pleine forêt et au bord du Lac Deseado. C’est notre coup de cœur du voyage! Il n’y a pour le moment que 2 cabanes de 2 chambres mais celui-ci est en plein projet d’agrandissement pour ajouter une troisième cabane de 2 chambres également. Des passerelles en bois permettent d’accéder au lodge et à ses différentes parties et chaque chambre a une vue incroyable sur le lac et le lever du soleil tout en proposant un confort digne d’un grand hôtel, dans un endroit pourtant si isolé.
Au départ du lodge, nous expérimentons deux randonnées, l’une mène à une cascade et démarre depuis le lodge (compter 2h), l’autre randonnée commence à 20 minutes du lodge à pied et dure environ 3h. Celle-ci mène à l’autre extrémité du lac. Vous aurez l’occasion de profiter de beaux points de vue sur le lac et les montagnes alentours. Nous avons opté pour l’option « retour en zodiac par le lac » proposée par le lodge mais il est aussi possible de faire demi-tour et reprendre le chemin dans l’autre sens.
Des kayaks sont à disposition au lodge si vous souhaitez découvrir le lac Deseado, par contre, pour pêcher, il faut avoir son propre matériel.
Le lendemain, nous partons en véhicule depuis le lodge à la mi-journée, en direction de Caleta María, fin de la route australe, tout en passant par le lac Fagnano. Il faut compter 1h30 de trajet aller. Depuis Caleta María, nous nous baladons le long du Seno Almirantzgo, qui donne un beau point de vue sur le fjord, les montagnes et glaciers qui l’entourent. Une ambiance de bout du monde y règne et l’on se sent toutes petites face à la nature.
Après une dernière nuit au lodge, nous quittons notre petit coin de paradis avec regret, pour retrouver Punta Arenas puis Valparaiso et la civilisation, après 8 jours d’aventure sur ces terres encore sauvages mais fascinantes, où le voyageur comme le local se fait rare. Une semaine de déconnection parfaite, sans signal téléphone ni Internet, où la seule distraction est de profiter de la nature à l’état pur.
Contactez Maud pour en savoir plus sur ce séjour en Terre de Feu chilienne.
Consultez le circuit dédié : Immersion en Terre de Feu au Chili.