Carnet de voyage et photos de Sophie Berthelier, conceptrice voyages chez Terra España, ex-Terra Argentina.. |
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Les Canaries, ça vous dit quelques chose ?
Na! Pas le petit pioupiou jaune mais les îles Canaries !
Emergé aux larges des côtes africaines, cet archipel de 7 îles bien distinctes est encore bien méconnu des voyageurs francophones. C’est à peine si on arrive à les positionner correctement sur notre mappemonde. Et pourtant, ces îles espagnoles offrent une grande diversité de paysages spectaculaires et atypiques. De la forêt luxuriante à La Gomera aux sommets arides du Teide à Tenerife ou encore du sol noir volcanique à Lanzarote aux dunes de sable blond à Fuerteventura, ces terres de contrastes nous surprennent et nous fascinent.
Les Canaries bénéficient d’un climat idéal toute l’année, on les surnomme d’ailleurs les îles au printemps éternel ! Partie en plein mois de février, les températures avoisinaient les 25 degrés … à seulement 3 heures de vol depuis Paris !
Alors, si vous ne voulez pas casser votre tirelire pour passer vos vacances d’hiver dans une destination combinant soleil, farniente, aventure, tranquillité et découverte d’une multitude de paysages, rendez-vous dans les îles inconnues, j’ai nommé : les Canaries.
Bien curieuse et enthousiaste à l’idée de vivre l’expérience canarienne, je suis donc partie à la découverte de 5 petits joyaux qui ont chacun leurs particularités bien définies.
Mon voyage débutera à Tenerife, la plus grande île de l’archipel et aussi, la plus visitée. La deuxième île sera La Gomera qui comblera les amoureux de la marche. Puis, envol pour Lanzarote. Son désert de sable volcanique fascinera les passionnés de géologie. Je partirai ensuite à la découverte de Fuerteventura, voisine de Lanzarote, qui réjouira les amateurs de vent et de planches.
Enfin, je terminerai mon séjour par Grande Canarie où je ne ferai qu’une brève escapade de 2 jours à Las Palmas, charmante capitale coloniale de l’île. La plus courte étape du voyage mais pas la moins intense car je suis tombée en plein carnaval. Chance!
Je n’irai pas sur l’île de La Palma puisqu’Eric la connait déjà bien, souvenez-vous, il en avait fait un carnet de voyage Îles Canaries : mode d’emploi. Quant à celle du Hierro, c’est encore un secret bien gardé que nous aurons sûrement l’occasion de découvrir un jour…
Les gourmands trouveront également leur bonheur car même si les îles Canaries n’offrent pas une gastronomie très variée, on y trouve de la bonne cuisine riche et savoureuse à commencer par ces fameuses pommes de terres nommées papas arrugadas qui ont la particularité d’être bouillies à l’eau de mer. Elles viennent accompagnées d’une sauce au poivron rouge ou vert. Un délice ! Elles sont souvent présentées sous forme de tapas accompagnant généreusement une bonne bière locale.
Autre met typique et que vous verrez proposé sur tous les menus: la chèvre, cabra, en espagnol. Elle est servie en ragout ou simplement grillée. C’est une viande très goutue qui change de la viande de bœuf ou encore de la volaille. Les amateurs de vins seront aussi comblés car les terres volcaniques et le climat favorisent la bonne production.
Afin que mon récit de voyage ne soit pas trop fastidieux, je vous parlerai de mes coups de cœur sur chacune des îles visitées, illustrés de photos, bien entendu.
Alors, bienvenue aux Canaries et bon voyage !
Tenerife
Un 20 janvier, le thermomètre affiche 20 degrés à l’aéroport de Tenerife Nord. Comme je le disais dans mon introduction, Tenerife est l’île la plus grande et la plus connue de l’archipel. Ce pourquoi elle est la seule à posséder 2 aéroports: Tenerife Nord et Tenerife Sud . Tout oppose les 2 pôles. Le Nord de l’île regorge de charme et aspire à la tranquillité. Nous sommes loin du tourisme de masse qui se concentre au Sud avec les gros complexes hôteliers qui s’entassent les uns à côté des autres.
Revenons au Nord de l’île. On y trouve de petites villes coloniales aux ruelles pavées et aux maisons dotées de balcons en pin, architecture typique canarienne.
La Laguna ou encore la Orotava constituent une bonne base pour rayonner dans le Nord. On ne se sent pas en Espagne mais plutôt dans une ville d’Amérique Latine comme Buenos Aires ou encore Lima dont on ressent l’influence coloniale.
J’ai donc flâné dans les quartiers historiques de La Laguna et Orotava qui respirent le calme.
Ma suggestion pour rayonner dans le nord est d’emprunter la route côtière qui relie Puerto de la Cruz, charmant port animé situé à quelques kilomètres d’Orotava puis, prendre la direction de l’Ouest pour Guarachico. Cette dernière fera l’objet d’une pause-déjeuner pour respirer l’air marin et regagner ensuite Icod Los Vinos, connue pour abriter son célèbre dragonnier, espèce d’arbre en forme de parasol, vieux de plus de 1000 ans.
Quant au centre de l’île, il est très agréable à visiter. Citons Vilaflor, ville la plus haute de l’île ou encore Santiago de Teide, 2 étapes parfaites pour se rendre au volcan Teide, point culminant de l’Espagne à 3.718 m d’altitude.
Je ne m’attarderai pas sur le Sud de l’île car je l’ai moins exploré et les villes bordant la côte Ouest comme Playas Americas ne m’ont pas enchantée car bondée de touristes assoiffés de soleil.
En revanche, si vous voulez vivre une expérience unique, je vous recommande de séjourner à Casas Iter, une zone urbaine nichée au cœur même des éoliennes. Ce concept futuriste nous donne une approche d’un mode de vie respectant l’environnement. A vivre, même s’il a été difficile de fermer l’oeil la nuit à cause du bruit prononcé et continu des éoliennes !
La Gomera
Une heure de ferry relie l’île de la Gomera depuis Tenerife. Nous débarquons au port de San Sébastian de la Gomera, capitale de l’île dont la vieille ville vaut le détour.
La Gomera, à la forme arrondie, n’est pas bien grande avec une superficie de 369km2 et pourtant, elle cache d’innombrables trésors à découvrir à pied ou en voiture. Elle reste l’île des randonneurs qui sauront apprécier ses beautés.
Les sentiers sont bien balisés et il y a l’embarras du choix. Vous vous réjouirez de partir à la rencontre d’une forêt luxuriante et fertile qui englobe le parc naturel de Garajonay. Ici, on range sa serviette de plage et on sort ses chaussures de marche !
Son atout est qu’elle est encore préservée du tourisme contrairement à son île voisine Tenerife. Là-bas, pas de feu de circulation, pas de grands axes routiers, mais des petites routes sinueuses et pittoresques qui offrent des miradors exceptionnels laissant entrevoir par temps découvert Tenerife.
Je fais la connaissance de notre guide française, Marie, installée sur l’île depuis 10 ans. Elle me confesse son amour instantané pour l’île.
A Valley Gran Rey, petit port de pêche situé sur la côte Ouest de l’île, je pars à la rencontre des dauphins et des globicéphales, de la famille des baleines. La traversée à bord d’un bateau de pêche dure 3 bonnes heures et offre un beau spectacle aquatique.
Plus tard, je fais la découverte du village Hermiga dont les plantations de bananes ponctuent le paysage. Situé au Nord de l’île, le vert et l’humidité dominent dans cette région fertile alors que le Sud de l’île est plus aride.
La Gomera est une île de contrastes dont je suis tombée sous le charme tellement elle recèle de paysages d’une beauté sauvage et laisse planer un mystère presque impénétrable.
Lanzarote
Probablement mon coup de cœur du séjour.
Un vol de 50 minutes relie Tenerife Nord à Lanzarote et c’est un véritable contraste après avoir séjourner 3 jours à La Gomera.
Place aux paysages lunaires et aux marches volcaniques. Elle est d’ailleurs surnommée l’île noire.
Son autre particularité est l’architecture de ses maisons aux façades blanches et aux volets bleus et verts, un faux semblant de l’île grecque Santorin pour ceux qui connaissent.
Cette jolie homogénéité, elle la doit à la volonté de l’artiste César Manrique qui a contribué au développement urbain de l’île.
Il est d’ailleurs possible de visiter la fondation de l’artiste où l’on peut découvrir la maison dans laquelle il a vécu et nombre de ses œuvres contemporaines influencées par Picasso et Matisse.
L’île se visite rapidement du fait de sa petite taille et les routes sont bien asphaltées. Pour les plus courageux et les plus écolos, le vélo est une belle option. On croisera une belle brochette de cyclistes sur notre passage.
Petit trésor caché, l’île de la Graciosa. Il faut se rendre à la pointe Nord de l’île, au port d’Orzola pour embarquer sur un petit bateau qui vous emmènera à La Graciosa. Attention, ceux qui ont le mal de mer ne seront pas des plus enjoués car la traversée est très houleuse.
Sur l’île, pas de voiture. Le pied ! Justement, l’idéal est de la parcourir à pied ou à vélo. Partez tôt le matin et repartez en fin d’après-midi pour profiter de la journée entière.
Pour ceux qui tomberaient sous le charme, vous pouvez y passer la nuit. Ce qui fait la beauté de l’île est qu’elle a su préserver son authenticité. Ici, pas d’hôtels mais vous aurez la posibilité de camper en face de l’eau ou de dormir chez l’habitant. On rentre en parfaite harmonie avec la nature et le calme qui règne sur cette petite île perdue.
De retour au port d’Orzola, faites une halte à la plage de Famara et prenez le temps de déjeuner un bon ceviche – plat de poisson cru mariné dans du citron vert – au bar la Espquina, tenu par des Péruviens.
Les marcheurs seront ravis de tenter l’expèrience sur le sol volcanique. En revanche, il n’est pas permis de marcher au sein du parc Timanfaya car il est protegé. Des sentiers volcaniques vous permettent néanmoins d’entrevoir ce parc et son paysage inattendu et plutôt irréel.
L’île compte de superbes routes, notamment celles qui serpentent dans la region des vins. Attention, la culture des vignes est différente de celle que nous avons l’habitude de voir. Elles sont cultivées dans de petits cratères creusés dans la terre volcanique.
Bien entendu, cette route viticole fera l’objet d’une dégusation de vins locaux dans les bodegas situées aux abords des vignes.
Pour séjourner, je vous recommande vivement le petit village de Yaiza, à une vingtaine de kilomètres de l’aéroport d’Arrecife, dans le charmant hôtel la Casona de Yaiza.
L’hôtel a été joliment restauré par le propriétaire qui a su conserver le style typique canarien. Toutes les chambres sont différentes et décorées avec un goût raffiné. On peut trouver un restaurant au sein de l’hôtel. La carte n’est pas très variée mais offre une cuisine de qualité.
Le must : les petits-déjeuners sont à tomber !!! Et pour les vrais “franchutes” nostalgiques de leurs viennoiseries du matin, et bien vous aurez droit aux mini-croissants et mini-pains au chocolat, même le nutella est de la partie!
Les paysages uniques de Lanzarote et l’histoire qu’elle porte m’ont complétement séduite. L’envie d’y retourner est déjà présente dans mon esprit.
Fuerteventura
Seulement 30 minutes de traversée depuis le port de Playa Blanca (Lanzarote) jusqu’au port de Corralejo, Fuerteventura, l’île dédiée aux sports nautiques et plus particulièrement au kite et au surf. Elle doit cette particularité à ses vents très forts venus des côtes africaines.
Mais l’île ne concerne pas seulement les amateurs de sports de planche, elle s’adresse également aux passionnés de grands espaces avec ses dunes à perte de vue et l’immensité de ses plages aux eaux turquoises, sans doute les plus belles de l’archipel. Elle intéressera aussi les voyageurs en quête de tranquillité. En effet, Fuerteventura est encore sauvage et préservée du tourisme de masse. Et pourvu qu’elle le reste !
C’est la deuxième plus grande île des Canaries après Tenerife. Il faudra donc choisir au moins 2 bases pour votre séjour.
J’ai choisi Corralejo, ville portuaire et base des surfeurs initiés et débutants comme point de départ pour gagner progressivement le Sud.
La route qui longe la côté est surprenante. Nous apercevons subitement les dunes de sable blond à perte de vue qui dominent fièrement l’océan. Ce parc naturel qui s’étend sur 10 kilomètres mérite l’arrêt photo (lieu de la photo d’en-tête de mon carnet de voyage).
Nous rejoignons l’extrémité Sud cette fois-ci, Costa Calma et Morro Jable. Assez frustrant car les plages aux eaux couleur émeraude s’apprécient seulement avec les yeux en raison de ses courants trop forts. Soyez donc vigilants car les plages ne sont pas surveillées par Pamela Anderson !
Dans cette région, ce sont plutôt des gros complexes hôteliers qui sortent du sable. Les bourgs sont sans charme et dépourvus d’animation.
Sur la route du retour, je me suis aventurée à découvrir la botte de l’île. La route asphaltée disparaît au fur et mesure que j’avance et laisse place à la terre. Ces kilomètres pittoresques valent la peine, le chemin nous mène à une vue panoramique de la plage de Cofete. Epoustouflant !
Pour mon retour dans le Nord, j’emprunte la route traversant le centre de l’île. Je croise peu de voitures et de vies humaines… Sacré contraste après les chaînes hôtelières du Sud !
Je dors à la maison rurale Maoh situé à la périphérie de Villaverde. Ancienne écurie restaurée, son restaurant est réputé pour sa cuisine typique canarienne.
Faites également une étape à la plage el Cotillo et admirez les surfeurs initiés danser sur les vagues. Beau spectacle. Sur cette côte du Nord Ouest, vous ne verrez personne le téléphone mobile à la main mais avec des planches de surf !
Si Fuerteventura n’a pas été l’île qui m’a le plus séduite, ses grandes étendues et ses longues routes désertiques apportent tranquillité et détente.
La Grande Canarie
Après 15 jours de balade, mon aventure prend fin à las Palmas de Grande Canarie, la capitale de l’île. Ce week-end, la fête atteint son paroxysme car le carnaval commence ! Les festivités débutent en février et toutes les îles célèbrent l’occasion avec enthousiasme et ferveur, surtout à Las Palmas dont la folle ambiance est réputée.
Je profite de cette halte dans la capitale pour me rendre à la maison du très célèbre navigateur Christophe Colomb qui aura séjourné à Las Palmas avant d’entamer son 2ème voyage pour les Amériques.
Même si je n’ai passé qu’une nuit perturbée par le brouhaha des gens et de la musique, j’aurai eu le temps d’apprécier l’envers du décor de la ville et en particulier le vieux quartier de la Vegueta, pimenté par un mélange de culture enivrant.
Vous l’aurez compris, il y a mille et une façons de découvrir ces îles gorgées de trésors.
Pour ma part, ce fût une découverte ponctuée de magie et d’étonnement. Au delà du balnéaire, les îles Canaries offrent un éventail d’itinéraires et d’activités et une multitude de contrastes. Impossible de s’ennuyer. Elles feront l’objet d’un deuxième voyage, je n’en doute pas.