Carnet de voyage au coeur de la nature au Nicaragua, par Gabrielle, Terra Nicaragua. |
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L’équipe de Terra Nicaragua part régulièrement en vadrouille pour vous dénicher les meilleures expériences du pays : en Septembre nous étions dans le Sud-Est du pays, aux abords du Costa Rica.
Nous avons pris la route depuis Granada jusqu’au port de San Carlos, le village de pêcheurs se trouvant à l’embouchure du Río San Juan. Pour nous y rendre, nous avons emprunté la route qui longe le lac Nicaragua et offre des vues panoramiques, en passant par la ville de Juigalpa, capitale du centre du pays et bien connue pour son cimetière en étages. Arrivés à San Carlos, nous découvrons un petit port animé par les derniers jours de la fête nationale.
Vivant principalement de la pêche et jouissant de sa situation géographique en tant que carrefour principal entre le lac et le Río San Juan, le village s’anime des va-et-vient des bateaux. Au port, nous demandons José, notre capitaine et guide pour les prochains jours, qui semble être bien connu des locaux puisque lui et sa famille ont toujours travaillé entre San Carlos et l’archipel de Solentiname. La lumière de la fin de journée est teintée de violet, nous prenons la mer vers l’archipel de Solentiname juste avant le coucher du soleil, réputé pour y être le plus beau du Nicaragua.
L’archipel de Solentiname est constitué de 36 îles, dont 22 sont habitées. Une fois arrivés sur l’île De San Fernando après 1h30 de bateau, nous sommes accueillis par une horde d’Oropéndolas, ces oiseaux noirs à queue jaune, et nous apprécions immédiatement le calme qui règne sur l’île. La lumière est splendide et les nuages se dégagent pour laisser entrevoir les volcans voisins du Costa Rica. Après avoir fait quelques pas, nous nous rendons compte que cette île, bien qu’elle soit la plus grande, n’est constituée que d’une dizaine de maisons. Le silence ne sera interrompu que par le doux bruit des oiseaux.
Petit dîner dans l’un des seuls restaurants du village, nous bénéficions d’un accueil privilégié, mais aussi subissons le succès de la fête nationale qui a amené pas mal de membres de la famille en visite le weekend d’avant. Le ravitaillement en bières et viande n’arrivera que demain … on patientera !
19h00 : la nuit est déjà noire et toutes les activités ont cessées. C’est l’heure d’aller au lit.
On nous avait prévenus que la nuit serait bonne, et elle le fut, dans la fraîcheur et le calme, nous avons aligné 10h de sommeil ! On regarde le téléphone : déjà 6h30! L’heure de rendez-vous pour le petit déjeuner, sachant que nous sommes les seuls visiteurs : ils doivent nous attendre…
Embarquement immédiat avec le neveu de José ce matin pour la réserve naturelle des Guatuzos, 246km² de nature protégée entre le Lac Nicaragua et le Costa Rica. Nous mettons le turbo pour traverser le lac après avoir dépassé l’islita de l’amour et celle de l’enchantement. Une fois arrivés au Río Papaturro, qui constitue l’entrée de la réserve, nous ralentissons et prenons le chemin vers le centre de conservation écologique.
Grâce aux yeux aguerris de notre guide, nous prenons rapidement connaissance avec la faune locale. Entre martins- pêcheurs, aigrettes, cormorans, aignes et iguanes, nous ne savons plus où donner de la tête. Sa rapidité de repérage nous en met elle-même plein la vue. La tempête de Novembre dernier a fait des ravages dans la réserve, certaines zones ont moins de perchoirs que d’autres, mais si ce n’est pas en l’air c’est dans l’eau qu’il faut regarder.
Apparemment, nous avions dépassé l’heure pour que les caïmans soient de sortie, mais il nous faut peu de temps pour contredire cette version. Ce sont grâce aux yeux jaunes et brillants hors de l’eau que nous (enfin plutôt notre guide) distingue le premier, le suivant ne se fera pas attendre et nous pourrons même nous en approcher pour une jolie photo souvenir.
Une fois atteinte l’entrée terrestre de la réserve, tenue par des militaires (qui eux n’acceptent pas de photo souvenir), nous arrivons au centre de conservation écologique où nous rencontrons notre guide Murio. Il nous prête des bottes et sourit de coin puisque nous sommes en short, “couvrez vous d’anti moustiques” nous lance-t-il rieur ! Il n’avait pas tort, des nuages de moustiques nous suivent, mais notre spray a su démontrer son efficacité!
D’un côté, nous voyons un paresseux en pleine sieste, de l’autre un iguane en chasse, nous prenons le temps d’observer les caïmans et la réserve de tortues avant de voir la version femelle d’une belle araignée tigre. Nous continuons le chemin, et sommes surpris par un serpent mangeur de scorpions, avant de pouvoir observer la version mâle de notre araignée tigre. Nous reprenons le bateau pour sortir du Río, nous croisons celui de la communauté qui se dirige vers San Carlos et sort une fois par jour.
La fin de journée va s’avérer pluvieuse, et malgré le toit du bateau, les gouttes arrivent de face. Pour faire au plus vite, notre chauffeur nous propose une bâche pour nous protéger de la pluie dans le but d’aller à pleine vitesse et d’abréger notre souffrance. De ce fait, nous atteignons rapidement l’île de Mancarrón, l’île principale de l’archipel. Nous découvrons le petit musée de la communauté (le premier où l’on peut toucher les œuvres d’art précolombien !) son église et ses petites habitations qui y exposent leurs œuvres très colorées faites maison.
Le lendemain, réveil avec le soleil et le chant des oiseaux, qui nous ont encore permis de faire une nuit de 10h. Ce matin, José nous emmène vers une petite île où se trouvent les restes d’un temple précolombien. Le bateau esquive les roches – à priori du plafond du temple – qui se seraient effondrées. Nous sommes à deux pas d’une cave habitée par les chauves-souris, les inscriptions sur les parois sont saisissantes, on se croirait dans Indiana Jones ! Un ancien temple précolombien à moitié enseveli sous les roches, envahi par la végétation dont les racines sont en train d’en recouvrir les plus belles parties. Le temps de distinguer plusieurs visages et silhouettes gravées dans la roche, les guêpes arrivent et nous décidons de laisser la nature tranquille. Nous sortons de cette petite île en franchissant les rochers, attention aux chaussures glissantes !
Reprise du bateau vers San Carlos, on met le turbo car nous sommes un peu en retard, pas sûr que le bateau public vers El Castillo nous attende … Ni une ni deux, on se dépêche d’avancer vers le port et achetons les derniers tickets pour El Castillo. Retenus par les contrôles de douane, on ne bénéficiera que d’une demie place assise. Pas de souci, ça permet de faire connaissance avec ses voisins ! Le bateau effectue plusieurs arrêts, on dépose chacun au plus près de la rive qui manque parfois d’embarcadères. Certaines maisons sont vraiment éloignées de la civilisation et seules sur leur terrain, perdues entre les arbres et les vaches.
Nous arrivons en fin de matinée à El Castillo baigné de lumière. Le majestueux fort nous accueille, tout comme il a pu faire peur à d’anciens pirates. Nous décidons d’arpenter les allées dans l’après midi, après un bon poisson frit malgré la coupure d’électricité qui ralentit un peu l’activité du village. Le soleil tape et les gens nous sourient, seuls touristes dans les ruelles, nous nous sentons privilégiés à chaque discussion. Environ 1000 habitants animent le village et l’on sent que l’activité touristique est une nouveauté. Visite du cimetière sur le plus haut point du village puis continuation du chemin jusqu’à la forteresse. Haut lieu de défense contre les pirates anglais, français et danois, un lieu chargé d’histoire et à la vue panoramique. Nous profitons de l’après-midi pour visiter le fort et les alentours.
Ce soir, c’est tour nocturne des caïmans. Nous partons à 18h30, dans une atmosphère déjà bien sombre. Nous profitons de l´accueil privilégié de notre guide Fernando et du capitaine Manuel au sourire chaleureux. Lampes de poche uniquement pour les pros, le poste militaire nous donne l’autorisation d’aller naviguer. La soirée est plutôt calme, le fuseau de lumière de la lampe de notre guide balaye très rapidement les berges, on sent la technique d’expert, mais pour l’instant, rien de plus que quelques oiseaux en position nocturne déjà bien endormis.
Soudain, à travers un langage des signes bien rodé, Fernando à l’avant, communique avec Manuel à l’arrière, et nous au milieu, on a rien vu et rien compris. Ils nous chuchotent qu’ils ont vu des yeux jaunes aux reflets bleus = crocodiles ! Très rares dans cette partie du río, uniquement habitée par des caïmans (proie des crocodiles). Mais pour l’apercevoir de plus près, ce sera une autre paire de manches, il nage sous l’eau aussi bien qu’il se dissimule dans la nature. Néanmoins, une fois à proximité du rivage, nous observons Jésus Christ (oui oui, le petit iguane vert qui marche sur l’eau s’appelle comme ça!).
Nous repartons à l’exploration d’une autre zone et avons la chance d’observer une famille de caïmans. Ni une ni deux, notre guide se jette dans l’eau et en ressort les mains occupées par le petit mammifère. L’observation de près est idéale! Sur le retour, nous faisons une halte en éteignant le moteur et les lumières : les étoiles sont radiantes, les bruits de la nuit étonnants, entre branches en mouvement, battements d’ailes, bulles d’eau à la surface et autres cris mystérieux. Le temps passe vite et nous rentrons dormir éblouis par toutes ces rencontres du monde de la nuit.
Ce matin, départ matinal vers 7h pour la réserve naturelle Indio Maíz, l’une des deux réserves qui constituent les poumons verts du pays et d´Amérique Centrale. A notre entrée, nous serons surpris par plusieurs familles de singes araignées qui passent d’arbre en arbre comme pour nous faire une danse de bienvenue. Nous passons le poste militaire pour pouvoir pénétrer dans la réserve et saluons dès l’entrée une grenouille bleue et noire, venimeuse et minuscule.
Nous remarquons de nombreux arbres au sol suite à la tempête de Novembre dernier, mais la végétation a repris le dessus. Les militaires et les guides s’organisent régulièrement pour réaménager les sentiers et permettre la visite de la réserve. Chaque jour, la réserve offre aux visiteurs une découverte unique, notre balade fut silencieuse et basée sur la flore à l’intérieur du sentier, et pleine de surprise de la faune sur les berges.
Dans l’après-midi, nous nous rendons dans la coopérative de cacao, artisanale et locale. Les habitants de la communauté du village se répartissent les différentes étapes de fermentation, séchage et transformation du cacao, une bonne découverte riche en odeurs et saveurs menée par les hommes au niveau des fèves, puis par les femmes au niveau de l’élaboration. De l’arbre à cacao observé dans les plantations qui jouxtent le rio, aux barres de chocolat artisanal vendu sur leur étal, une découverte humaine et savoureuse.
Dernière nuit, nous n’avons pas la chance d’observer le coucher de soleil mais bénéficions d’une belle pluie en guise d’adieu au village de El Castillo. Nous reviendrons pour approcher de plus près la mer des Caraïbes !
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