Récit & photos de Christophe Napierai, gérant fondateur de Terra Australia.

4h15 le réveil sonne déjà, les yeux sont embrumés mais quelle chance de partir explorer cette île du bout du monde, la Tasmanie ! La fatigue disparaît vite pour être remplacée par l’excitation de suivre les traces des explorateurs français qui ont cartographié l’île il y a à peine 200 ans, hier quoi ! C’est aussi l’un des derniers morceaux de terre digne de ce nom avant l’Antarctique et donc le port d’attache des bateaux d’exploration. Un parfum d’aventure règne ici…

Ca y est, j’y suis, je pose le pied sur le tarmac du petit aéroport d’Hobart où le guide francophone avec qui je travaille et qui m’a gentiment proposé de m’accompagner m’attend. Pas de temps à perdre, je sais déjà que je n’en aurai pas assez pour faire tout ce dont j’ai envie…on fait le tour d’Hobart et de ses quartiers, Battery Point avec ses vieux cottages, Sandy Bay plus moderne avec ses résidences donnant sur cette splendide baie, Salamanca avec son marché et ses pubs. Ce port avec ses jolis bateaux, ses vieux bâtiments en pierre a une atmosphère singulière et un charme fou.

Le ciel s’éclaircit, allez on file au mont Wellington qui domine Hobart de ses 1500 m. Au sommet, tout devient plus aride et dénudé, le vent peut souffler ici à 150 km/h, nous ne sommes pas loin des 40èmes rugissants. Il reste quelques nuages capricieux mais le panorama sur l’immense baie est magnifique.

La journée n’est pas finie, c’est bien de commencer tôt…j’ai le temps de prendre le bateau qui m’emmène au musée d’art moderne MONA. C’est en plus une occasion très sympa d’avoir un point de vue de la ville depuis la baie. Arrivé à cet étrange bâtiment qui abrite l’incroyable collection privée de David Walsh (qui a fait fortune en jouant au Black Jack et aux courses de chevaux), on aime ou on déteste. J’ai choisi mon camp allez-y…certains viennent en Tasmanie juste pour le MONA ! Et au pire, c’est l’occasion d’une petite croisière, et le musée abrite un excellent restaurant. C’est maintenant l’heure de découvrir les pubs et la célèbre gastronomie tasmanienne. Je vous raconte cela demain…

Comme promis, je vous raconte ma soirée d’hier. Allez flâner sur Salamanca pour y prendre une bonne bière ou déguster un verre de vin de la production tasmanienne si rennomée. L’ambiance de ces pubs décontractés est vraiment sympa. Et pour la gastronomie, on a l’inconvénient d’être français…du genre plutôt exigeant ! Même si les fruits de mer, les poissons, et produits frais sont excellents, ce n’est pas toujours de la haute gastronomie, mais j’ai trouvé et testé quelques excellentes adresses, j’ai dû me sacrifier et prendre du coup quelques kilos…

Ça y est, je quitte Hobart, route vers le Nord-Ouest en empruntant la vallée de la Derwent ou de Plenty (abondance). Là, se sont développées de nombreuses cultures maraîchères. Je visite un élevage de truites ou un ornithorynque sauvage a élu domicile, nous sommes discrets et il s’approche à moins d’un mètre de nous, on a de la chance, l’animal est réputé farouche, l’occasion de belles photos.

Je poursuis au Mt Field National Park, la forêt des géants ! On y trouve tout simplement la plus haute plante à fleurs connue et mesurée à 98 mètres : le « Swamp Gum » ou eucalyptus géant. C’est l’occasion de se dégourdir les jambes, le parc regorge de balades de tous niveaux. D’autres surprises nous attendent avec de magnifiques chutes d’eau, des fougères arborescentes centenaires, on se croirait à Jurassic Park. Et ils sont cachés où les dinosaures ?

La route est encore longue et malgré les apparences, je ne suis pas en vacances, pas facile notre boulot…hein ! On visite les hébergements de Tarraleah et du lac St Clair, l’endroit mérite un petit détour. Et il ne faut pas louper le Derwent Bridge Pub, c’est l’ambiance Cowboy d’autrefois. Queenstown, petite ville minière a également conservé cette ambiance Far West, et pour ceux qui aiment les trains, c’est le départ d’un train historique à crémaillère qui serpente à travers la forêt vierge. Dommage, le timing est trop serré mais d’après ce que l’on m’en raconte cela donne vraiment envie, il faudra revenir… On arrive à la tombée de la nuit à Strahan, petit village de pêcheurs qui a bien su mettre en valeur ses attraits touristiques, je vous rassure, ce n’est pas encore un tourisme de masse.

Et ce soir, petit plaisir…buffet avec huîtres et fruits de mer à volonté ! J’ai gardé l’adresse dans mon carnet de voyage si cela vous intéresse…

Ce matin, croisière dans le Macquarie Harbour jusqu’aux Hells Gates, portes de l’enfer, qui portent bien son nom pour mon appareil photo qui y a terminé sa vie au fond de l’eau, une jolie offrande involontaire de ma part…allez on oublie. C’est un goulet étroit reliant la baie à la mer avec énormément de courant. On remonte ensuite la Gordon River qui serpente au milieu de la forêt primaire classée au patrimoine mondial, une petite randonnée permet d’observer les pins de Huon, arbres qui furent entre autre à l’origine de la colonisation de la Tasmanie pour la qualité de leur bois imputrescible et idéal pour la construction de bateaux. Certains ont plus de 2000 ans ! Des fossiles datent de 3460 ans, ce qui en fait un des organismes vivant le plus vieux de la planète.

Je reprends la route pour Corinna, c’est hors sentiers battus, même mon guide découvre ce secteur. Et on n’est pas déçu, c’est la plus grande zone de forêt tempérée humide d’Australie et l’une des plus importantes au monde, la Tarkine région. On dort à Corinna dont l’histoire remonte à 1880 lorsque l’on y a découvert l’une des plus grosses pépites d’or (7 kg), de quoi susciter des convoitises. L’ancien village a été racheté et aménagé par un couple pour accueillir des touristes, cela se développe doucement. L’hébergement conserve un côté rustique mais de qualité et quelle expérience que de dormir dans le Old Pub, pub originel du village.

A Corinna, l’Arcadia, bateau en Huon Pine (pin huon), propose des croisières sur la rivière Pieman. On est un peu déçu car ils ont changé les rotations, pas de départ aujourd’hui. Mais finalement, c’est un coup de chance, car le propriétaire nous emmène pour une expédition privée sur une petite barcasse à moteur. Ouah, les paysages sont incroyables, on se sent vraiment loin de toute civilisation. Nouvelle petite balade dans cette forêt millénaire avec fougères arborescentes et cascades.

C’est reparti, direction les Cradle Mountain, le plus célèbre parc national de Tasmanie inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Les pics spectaculaires, les cathédrales de granit, les gorges profondes, les eaux cristallines des lacs glaciaires et la diversité de la faune et de la flore font le bonheur des visiteurs. C’est le départ de l’Overland Track, une des plus fameuses randonnées d’Australie mais ce sera un peu long pour moi, il faut compter 6 jours…Next time. Des randonnées plus faciles permettent déjà d’en prendre plein les yeux.

En fin de journée, je croise des wombats pas farouches qui se laissent approcher à moins d’un mètre, on dirait qu’ils posent pour la photo. Ce marsupial herbivore a, je dois l’admettre, une frimousse bien sympathique. Et bien sûr des wallabies qui sont chez eux dans cet environnement préservé. On cherche le diable de Tasmanie mais il est difficile à observer.

J’aime les chemins de traverse que tout le monde ne prend pas, l’occasion de proposer à nos futurs clients des itinéraires originaux. On passe donc par Liena pour rejoindre la côte via Launceston. A Bicheno, une jolie rencontre m’attend pour le dîner, le « French Mayor » comme on le surnomme ici. Bertrand Cadart a administré pendant 7 ans la communauté de communes de Bicheno à Triabunna soit quelques 5000 âmes disséminées sur plus de 4000 km2 qui comprend de nombreuses perles touristiques comme le Parc de Freycinet ou l’Ile Maria. Un ambassadeur français pour cette magnifique région, original… comme l’est son parcours : passionné de moto, il ouvre, après un passage en Calédonie pour son service militaire, un atelier de moto à Sydney. Georges Miller fait appel à lui pour customiser les motos du premier Mad Max et cerise sur le gâteau, lui offre un petit rôle de motard déjanté dans le film. La soirée est malheureusement trop courte pour qu’il puisse, avec sa bonhomie naturelle, raconter en quelques heures tout son parcours. J’allais oublier de vous dire que j’ai mangé certainement une des meilleures langoustes de mon existence, l’endroit est réputé pour cela, mais les huitres ne sont pas mal non plus même si le resto fait plutôt cantine que gastro…

On trouve par ici de nombreux noms français car l’exploration de Nicolas Baudin en 1802 a cartographié la région à bord du « Géographe ». Son second s’appelait Freycinet, d’où l’appellation du fameux parc… Les paysages côtiers sont splendides, le parc est réputé pour ses rochers de granite rose couvert de lichens orange et vert, ses plages sont magnifiques, comme Wineglass Bay, classée parmi les 10 plus belles au monde. Aujourd’hui, j’explore le parc en faisant quelques randonnées. On trouve des itinéraires pour tous les niveaux qui permettent de profiter de la beauté du parc. Difficile de venir en Tasmanie sans venir faire un tour ici.

Vous y trouverez aussi un endroit d’exception, le Saffire Freycinet Lodge, c’est un bijou d’architecture et de raffinement posé dans un écrin de nature pure. Et pour ceux qui aiment, comme moi, les fruits de mer, je vous ai trouvé une petite cabane en pleine nature où vous pourrez déguster à nouveau huitres naturelles, chaudes et surtout des ormeaux, petits trésors des eaux tasmaniennes dont les Japonais raffolent.

Hobart se rapproche ainsi que la fin de cette “reco”. La route longeant la côte est très jolie. On y trouve des vignobles, de jolies plages, des villages de pêcheurs comme Triabunna qui est également la porte d’accès pour explorer l’île Maria. Un détour s’impose également par la péninsule de Tasman. On y trouve le site historique de Port Arthur, ancienne colonie pénitentiaire à la triste réputation. Mais les paysages sont saisissants, ne voir que Port Arthur serait dommage. On peut y faire une croisière pour voir les spectaculaires falaises culminant à plus de 300 mètres au dessus de l’océan, les plus hautes de l’hémisphère sud ! A ne pas louper. Ma curiosité m’a également poussé à emprunter une route moins connue qui passe par Nubeena et permet de faire une boucle, je n’ai pas regretté.

La boucle est bouclée, dernier moment à Hobart pour apprécier une dernière bière à Salamanca dans son ambiance détendue.

Quelle belle découverte que la Tasmanie, avec son ambiance et ses paysages si particuliers, c’est pour moi un voyage à l’intérieur d’un autre voyage en terres australiennes. Allez, bon voyage.

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