Par Florian Servant, gérant Terra Chile.

Photos de Mathieu Morelière, Continents Insolites.

Partir en « reco » est toujours un moment spécial, que l’on prépare des semaines à l’avance. On  part à l’aventure et on peut enfin mettre des paysages sur des noms familiers, on s’approprie les endroits pour pouvoir ensuite en parler, on gratte des notes sur un bout de papier, on discute avec les locaux, on enchaîne les bonnes et mauvaises critiques sur les hôtels, bref on découvre un peu plus un pays que l’on propose à nos clients.

Que ce soit lors d’un trek en bivouac, un accompagnement de groupe, ou un road trip avec un client seul, c’est toujours un luxe et on se dit qu’on a le meilleur boulot du monde… Alors quand l’occasion se présente d’enchaîner 3 pays sur 15 jours, le célèbre triangle d’or Argentine-Bolivie-Chili, avec un groupe de gens sympas, c’est le top.

Nous voici réunis, avec Myriam Fernandez, gérante de Terra Andina Bolivia, et Mathieu Morelière, notre ami de Continents Insolites Lyon, à l’aéroport de Buenos Aires, prêts pour un décollage vers le NOA! Le NOA c’est le Nord Ouest argentin, ses salars, déserts et vignes dont les patagons de Terra Argentina nous vantent les mérites depuis des années.

Pourtant, quand on arrive à Tucuman, on est loin des paysages imaginés. Tout est vert ici.

Ce périple doit nous mener du NOA à La Paz, en Bolivie, en passant par l’extraordinaire Salar d’Uyuni, les volcans de San Pedro de Atacama, le lac Chungara, Cafayate dans les valléees Calchaquies, le parc Sajama et, en point d’orgue, le volcan Acontango afin de passer la barre symbolique des 6.000m d’altitude…

On part sur la route (ou plutôt sur les pistes) du fameux Triangle d’Or, dont nos clients raffolent d’avril à octobre, une véritable trilogie des déserts andins!

La partie argentine dure 6 jours, avec des étapes insolites et hors sentiers battus vers El Peñon et Antofagasta de la Sierra. La neige tombée récemment, qui nous comble lors des traversées d’immensités désertiques d’un blanc immaculé, aura raison de notre aventure, si chère à Mathieu, sensée nous emmener à Tolar Grande.

Ce voyage nous donne l’occasion de jouer les randonneurs qui se perdent sur les pentes de volcan vers Antofagasta, de pénétrer la quebrada de las Conchas (si si si…), de nous transformer en photographes professionnels pour faire quelques clichés des, désormais mondialement connus, « sauts Terra », au milieu du surprenant champs de pierre ponce et le volcan Carachi Pampa.

Mais aussi : de se cailler au refuge d’El Peñon (les températures étant négatives à cette époque et à ces altitudes), d’avaler tant bien que mal du très mauvais pinard dans un restau pourtant fort sympathique à Antofagasta de la Sierra, ainsi que de déguster de bons crus dans les vallées ensoleillées de Cafayate, d’explorer le parc de los Cardones, véritable forêt dense de cactus candélabres, et enfin se sentir tout petit dans le salar d’Antofalla, moment de solitude rare parmi les sommets de la cordillère au milieu d’un univers géologique multicolore .

On aurait même pu jouer aux peintres devant le lever de soleil sur la montagne aux 7 couleurs de Purmamarca, mais on a dû chausser les pointes d’un certain Usain Bolt pour ne pas louper notre bus afin de traverser la frontière et nous conduire à l’oasis de San Pedro de Atacama.

Sophie Berthelier, conceptrice voyage au sein de Terra Argentina, nous ayant rejoint à Cachi, pourra en attester, on a été conquis par ces régions vierges de touristes, authentiques et très variées. Le NOA, dont on entendait tant parler nous a ravi, autant que cette excellente soirée à Cachi, où Denis Chambon de Terdav, qui s’était joint pour la soirée, nous a tous convertis au cognac!

La route nous menant à la frontière chilienne est tout simplement fantastique, s’élevant en altitude et offrant des panoramas à couper le souffle. En chemin, on apprend qu’il est tombé de la neige dans la région de San Pedro où nous avons prévu de passer 2 nuits avec l’ascension du volcan Láscar (5.600m d’alt.) à la clé. Les prochaines heures et l’arrivée à San Pedro, où l’on rejoint Arnaud (concepteur voyage Terra Chile) accompagné depuis quelques jours par Fanny Jehan (Continents Insolites Monaco), nous permettent de réorienter notre programme.

A l’unanimité, mais avec regret, nous laissons tomber ce petit Láscar, puisque l’accès rendu difficile et les températures attendues au sommet, il faut bien le dire, nous font peur. On opte pour une rando dans la zone des geysers du Tatio, puis une découverte de la lagune Tebenquinche au coucher du soleil, avant d’aller profiter d’un super dîner dans le centre du village. La veille, j’avais promis à mes compagnons de voyage de boire enfin du vin à température optimale, puisque ceux goûtés en Argentine donnaient l’impression de sortir du frigo…gros loupé puisque même dans le plus beau lodge de San Pedro de Atacama, Awasi, on nous sert un vin plus que frais.

Le jour 9, après avoir quitté Arnaud et Sophie, nous sommes dès 9h aux douanes de San Pedro afin de prendre rapidement la direction des merveilleux paysages qui nous attendent dans le Sud Lipez. Malheureusement, on arrive certainement 30 min trop tard et une file de touristes nous précède. Après 1 grosse heure d’attente et quelques mésaventures pour mon visa, nous nous élevons de 2.000m d’alt. pour arriver à Hito Cajon. Emmitouflés jusqu’aux oreilles, nous retrouvons Lucie Gosnet (conceptrice voyage Terra Andina Bolivia) et notre chauffeur Marcelo, qui sera avec nous pendant nos 8 prochaines journées.

Toute la traversée du Sud Lipez se déroule à merveille, du désert de Siloli, à l’île del Pescador, en passant par tous les petits hôtels de sel et à l’insolite grotte des Galaxies. Les lagunes sont toutes plus belles les unes que les autres, le salar d’Uyuni, recouvert d’une petite couche de sable suite à une tempête, nous offre une variante en accentuant la démarcation entre chaque « bloc » de sel.

Marcelo nous ravit en souriant dès le matin, même après s’être levé dans la nuit pour démarrer le 4×4, afin qu’il fonctionne bien par ce froid. Il nous fait vivre un vrai moment « Esencia », en préparant un apéritif au coucher du soleil face à Jirira, le genre de chose qui donne un plus au voyage et dont Terra Andina Bolivia cultive le savoir-faire. On aura alors droit à une démonstration de « saya », danse bolivienne orchestrée par Marcelo, dont Myriam, Lucie et Fanny prendront part tout en harmonie évidemment! Pendant ce temps le soleil a disparu et la nuit s’est installée sur le salar laissant la température basculer dans le négatif.

La suite du voyage avec la montée au mirador du volcan Tunupa et la traversée du salar de Coipasa sont dans la même lignée de paysages sauvages et isolés, offrant leur incroyable lot de couleurs. Les cartes mémoires sont presque pleines alors qu’il nous reste encore quelques jours. C’est l’heure de refranchir la frontière pour rejoindre Colchane au Chili, l’étape un peu morose du voyage il faut l’avouer…mais on s’y attendait. Ce petit village frontalier est une étape obligatoire quand on vient de Bolivie ou bien d’Iquique ou de San Pedro de Atacama par le Chili.

C’est la porte d’entrée de l’altiplano chilien mais un seul « hôtel » peut nous accueillir et il faut dire qu’il est assez triste et surtout…très froid, et au mois de juin on est très loin des tropiques dans cette région. Après avoir récupéré les chauffages de tout l’hôtel, on s’endort tant bien que mal, en pensant à de meilleurs lendemains. D’ailleurs, pas le temps d’attendre le soleil se lever que nous voilà déjà partis vers le salar de Surire et le Cerro Rojo que nous tenterons de gravir.

 

Le parc national Isluga et le volcan du même nom nous ouvrent leurs bras dès les premières lueurs avec leurs cours d’eau, leurs paysages de cordillère et les petits villages blancs d’Isluga et d’Enquelga. Nous voilà face à l’objectif du jour que nous avons rajouté au programme suite à l’annulation du Láscar. Cela commence tout doucement avec, comme toile de fond, le salar de Surire, mais face à nous la montagne est impressionnante et le sommet se trouve à 5370 m d’alt.

Le trek se poursuit par une grande traversée dans un pierrier. il nous faut maintenant escalader de gros blocs. Une bonne pause s’impose sous le sommet du Cerro Rojo où les filles posent pour les photographes. Un dernier effort et nous y sommes. Il y a une très belle vue à 360° avec, à nos pieds, le salar du Surire. D’une superficie de 17km2, il est constitué de borax dont une partie est exploitée. Après de nombreuses photos, nous descendons en direct droit dans la pente, comme dans de la poudreuse, à fond la caisse, « que du bonheur ». Marcelo, lui, nous attend déjà en bas, ayant avalé la descente comme une vizcacha dans les cailloux.

Fin de l’aventure aux sources chaudes de Surire en plein salar, seuls au monde. Idéal après une telle ascension. Poursuite de la route qui nous offre son lot de flamands roses en bordure du salar, puis son coucher de soleil tout en splendeur sur les volcans Parinacota, Pomerape, Sajama, Guallatiri et Acontango, dont on parlera plus tard

Après une nuit à Putre et le lendemain la visite du parc Lauca, Lac Chungara et lagunes Cotacotani, nous revoilà du côté bolivien, pénétrant dans le parc Sajama, clou de ce spectacle de 15 jours.

Soirée préparation du matériel et coucher tôt, car le lendemain, ça va piquer au réveil.

Départ dans la nuit pour rejoindre notre objectif final, l’Acotango, qui doit nous permettre de dépasser les 6.000m d’alt. Sur le papier, c’était départ 1h et retour à Sajama à 13h. Au final, on partira plus tard puisque notre guide déconseille la montée trop matinale, craignant le vent, et surtout nous reviendrons beaucoup plus tard…ça c’est une autre histoire.

Arrivés à plus de 5.300 m d’alt., on se dit que ça va être une ascension tranquille et on regrette même que les derniers kilomètres aient été parcourus en 4×4 mais on remerciera Marcelo pour cela plus tard…

A la sortie du véhicule, le vent souffle entre 60 et 80 km/h alors que le soleil se lève. On commence notre ascension, après avoir tenté de nous équiper et de communiquer « sereinement », dans une ambiance de Sibérie. Personne ne parle dans ce froid polaire et nous devons déjà attaquer au piolet ce petit mur, à quelques mètres de nos 4×4… drôle d’atmosphère! Les conditions s’améliorent au fur et à mesure et nous mettrons plusieurs heures pour longer la crête de l’Acotango, une ascension en douceur mais longue, chacun à son rythme avec une petite pause salvatrice où l’on se goinfre avant le clou du spectacle.

Équipés de la tête aux pieds (devrais-je dire “aux crampons”), on s’engage par cordées pour l’ascension finale, le sommet paraissant proche. Le soucis avec ces volcans, c’est qu’on voit toujours le sommet depuis le départ mais on n’y arrive jamais. Il y a toujours un grand plat ou une longue traversée quand on pense être arrivé…Le dernier mur nous offre des conditions dantesques, le vent décidant de se déchaîner au plus mauvais moment, ou serait-ce l’exposition? Bref, nous voilà tous couchés dans les derniers hectomètres, seule Myriam et son gabarit de chamois andin, tente de nous tirer jusqu’au sommet. Franchement, ça fout les boules de se retrouver exténués, à ne pas tenir sur ses jambes, quand on fait du sport régulièrement et qu’on en est à son troisième 6.000 m, alors que le fameux chamois andin gambade, lui, tirant même la cordée de toutes ses forces. Dans de telles situations, c’est le mental qui compte, c’est clair!

Arrivés enfin au sommet à 6.052 m d’alt. :

– «  Ca va Mathieu? »

Dur dur, il s’allonge.

– « Gracias Marcelo ! ».

On retrouve vite des couleurs, balayés par les bourrasques atteignant plus de 80 km/h, pour se sauter tous dans les bras au moment où Lucie, accompagnée de son guide, nous rejoint. Photos rapides, « ça caille sévère », tout le parc Sajama s’étend devant nos yeux, et hop, on attaque la descente qui, là aussi, ne nous fera pas de cadeau. Mais quelques heures plus tard, tout le monde est en bas et on retrouve Fanny, qui malheureusement avait dû abandonner dans la montée à cause du froid.

Retour au village de Sajama pour la nuit, bien trop tard pour gagner les sources chaudes qui nous faisaient rêver après une telle ascension. Tant pis, le principal est réalisé. On quitte Marcelo, notre super guide, ami et compagnon de route, qui nous aura ouvert les portes des plus beaux coins du Sud Lipez et de SON Sajama.

Retour sur La Paz le lendemain, l’animation, la ferveur, les klaxons, la plongée panoramique dans cette cuvette impressionnante dominée par l’Illimani (6.450 m d’alt.), véritable seigneur de ces lieux.

Une dernière soirée tous ensemble nous permet d’apprécier encore plus tous ces moment passés, ces rencontres effectuées et ces paysages traversés. Les déserts andins nous ont offert leur plus beau festival de couleurs, on est à 300% convaincu des découvertes, tant au niveau des paysages que des cultures, à faire de chaque côté de la cordillère, entre Chili et Bolivie ou Argentine et Chili. Et en plus, on avait laissé de côté la région de Tupiza, c’est dire les multiples possibilités.

Ce triangle d’or vous distille chaque jour son lot de paysages incroyables et de rencontres authentiques, garantissant une découverte permanente.

Consultez le programme détaillé jour/jour du circuit le Triangle d’or des déserts andins.

Contactez Florian pour plus d’infos sur ce circuit.

Visualisez les étapes de ce voyage multipays Chili-Argentine-Bolivie sur la carte ci-dessous :

 


Voir Chili : en piste sur le triangle d’or sur une carte plus grande