Carnet de voyage en Patagonia au Chili, texte et photos de Clémentine, conceptrice voyages chez Terra Chile.

Es como si fuera en otro mundo.

Punta Arenas. Un nom qui nous a fait longtemps rêvé. Un rêve d’enfant, une contrée éloignée, une terre sauvage inaccessible. L’inconnu ou le paradis chilien. Vingt-deux ans après être apparue dans ce petit monde, me voilà posant les pieds en Patagonie. Un léger mal-être s’empare de moi. L’impression de violer cette terre, d’y être arrivée trop vite. De ne pas l’avoir encore méritée, faute de n’y être point arrivée à pied. La mécanique aéronautique ne laisse pas le temps à l’âme de digérer la nouvelle. Mais après tout, le voyage sac sur le dos, les pieds dans des souliers d’un temps passé sera pour une autre fois. Aujourd’hui, je suis là, et je vais m’en émerveiller comme il se doit. Les cinq sens éveillés, c’est parti !

Il fait bon vivre à Punta Arenas, me partage le premier local croisé sur ma route. La vie est paisible, les salaires sont plus élevés que dans le reste du pays, les touristes ne tarissent pas, et surtout, le lieu est magnifique. A mon tour de découvrir. La lumière décline sur le bord de mer. Les oiseaux – race inconnue à mon regard d’étrangère – se laissent coiffer par la brise marine. Le monument aux marins domine le front de mer, posant un regard protecteur sur les marcheurs alentour. L’horizon se colore de son voile rosé tandis que le soleil épouse l’océan. Une image qui aurait certainement inspiré notre Señor Neruda.

Deuxième journée en cette contrée éloignée, direction Puerto Natales. Entre les deux villes, une plaine et ses guanacos tranquilles. Puerto Natales, petite métropole de 19,000 habitants à ce jour, est située dans la bouche orientale du canal de Señoret qui unie le golfe Almirante Montt et le bras de mer (Seno) Ultima Esperanza. Face aux montagnes, la vie bat son plein dans la capitale de la « Région du Dernier Espoir », comme le permettrait une traduction littéraire simpliste. Et hop, un petit saut au marché artisanal. A droite, à gauche, des peaux de moutons, des pingouins de bois peints à la main, des bonnets en laine de mérinos, et des représentations grandeurs natures des Selk’nams et Tehuelches, autochtones aujourd’hui disparus. Le nom de Patagonie serait inspirée de ces peuples, apparus tels des géants aux Espagnols, d’où le nom de « Terre des Grands Pieds », entre autres interprétations possibles… Des peintures murales nous rappellent le mode de vie ancestral : pêche, chasse, cueillette. Pas un sourire sur cette fresque pourtant haute en émotions et en couleurs ; les peintres auraient-ils oublié d’y évoquer le bonheur ?

Le lendemain, le premier glacier se dévoile à mes yeux. Nous descendons nos kayaks dans les eaux du Glacier Grey. Ce dernier semble à 500 m de distance, mais se trouve en réalité à une quinzaine de kilomètres ! Seuls sur les eaux du Río Grey, nous savourons l’instant présent au cœur de la Pachamama. Au-dessus de nous, un toit de nuages noirs nous protégeant du ciel. À l’Est et à l’Ouest, une forêt en renaissance. Au Sud, les Torres del Paine se dégagent d’entre les brumes. Sous les coques, une eau fraîche riche en sédiments. Et un calme absolu. L’isolement, enfin. Un air de bout du monde.

Le temps file à toute vitesse, il ne nous reste qu’une journée pour découvrir la Patagonie ; cette fois-ci, par un tour du Parc des Torres del Paine. À faire en marchant, recommandé. Mais pour les pressés, une journée en bus est possible. Sous nos yeux ébahis, des guanacos traversent la route, des flamants aux ailes rose vif s’envolent, une cascade décharge son lot d’histoire en passant sur un pont noyé, et un Chilien au grand sourire nous tend du maté. Le guide nous offre quelques anecdotes : ici, on achète au moins un hectare de terrain ! Face aux pics acérés de 2 500m de haut, nous ne sommes qu’à… 30m d’altitude ! Et enfin, les habitants de la ville sont surnommés les « Natalinos Tira Piedras ” (Lance-Pierres) ; on vous laissera trouver pourquoi… Au revoir, petit bout du monde. Avec un sourire à la pancarte qui indique « Conseil Régional Chilien Du Détroit de Magellan et de l’Antarctique », je quitte les lieux en me promettant de revenir.

Contactez Clémentine au Chili pour en savoir plus sur son séjour et jetez un oeil aux circuits spécialement dédiés à la Patagonia !