Café et Cacao en vallée sacrée

Il y a des moments dans la vie ou il faut savoir donner de sa personne, et dans notre dure vie d’agence réceptive, la “reco” comme on l’appelle, fait partie de ces moments.

Apres être parti de Lima en voiture pour un road trip de près de 10 jours à travers ce magnifique pays qu’est le Pérou (ce que je ne manquerai pas de vous raconter dans un prochain récit de voyage), me voici arrivé à Cusco, la capitale de l’empire inca et du touriste en tongues et chullo (le fameux bonnet péruvien).

Je l’avoue, après ces 10 jours de voiture, je serais bien resté au chaud à tester quelques spa ou profiter de cette étape cusquénienne pour faire la tournée des restaurants gastronomiques de la ville (et dieu sait s’il y en a de bons), mais comme je vous le disais, on n’est pas là pour rigoler et c’est donc avec une certaine conscience professionnelle que j’ai entrepris d’organiser, pour les trois jours à venir, une petite sortie en dehors des sentiers touristiques.

Vous ne le savez peut-être pas, mais le Pérou est un important producteur de café et de cacao : on en cultive un peu partout dans les zones tropicales du pays et notamment dans les vallées proches de Cusco et du Machu Picchu.

Alors bon, je dois le reconnaître, si j’ai un certain penchant pour le bon chocolat, je ne suis pas un grand fan de café mais qu’importe, en y réfléchissant un petit peu, je me suis rendu compte que mes connaissances sur l’un comme sur l’autre étaient plus que limitées. Concernant le café, j’avais tout juste en mémoire les trop nombreuses publicités où le bon “gringo” parcours le monde à la recherche du “meilleur” grain.
Souvenez-vous :
ou dans un autre genre cette belle parodie pour les aficionados !) et pour le chocolat, je dirais que ma connaissance se limitait à sa… dégustation !!!

Vous en conviendrez, tout ça est un peu court et ne donne qu’une idée très approximative de “comment” on cultive et fabrique ces deux cadeaux de dame nature.
Mais puisque l’on est dans la bonne région et puisque je ne dois pas être le seul à ne rien y connaître, je décide de prendre contact avec Stéphanie, gérante du musée du chocolat de Cusco pour bénéficier de ses contacts auprès des producteurs locaux et voir comment remédier à mon inculture.

Départ aux aurores en direction du village Inca d’Ollantaytambo (point de départ pour rejoindre le Machu Picchu) et arrêt au musée du chocolat de la ville pour un petit-déjeuner et une première approche de la culture et de la fabrication du chocolat. Après un bon croissant et un chocolat chaud, nous prenons la route du petit village de Huayopata, situé à deux pas de Santa-Maria dans la vallée de Quillabamba. La piste traverse des paysages grandioses et préservés et après avoir passé un col à près de 4300 mètres, nous entamons notre descente au coeur de la vallée.

J’ai eu raison de prévoir un bonnet, deux pulls et une paire de gants au cas ou car lorsque nous arrivons enfin à destination, il fait pas loin de 30° et le climat tropical est bien différent du climat andin que j’imaginais trouver dans cette vallée… comme quoi, bosser dans le tourisme ne nous met pas à l’abri de quelques surprises et j’aurais plutôt dû emporter des tongues et de l’anti-moustique (une tragédie pour moi, mais depuis toujours, ces charmantes bestioles raffolent particulièrement des globules Albanesques).
Qu’importe, nous faisons connaissance de Julia et de sa famille qui nous attendaient avec un déjeuner qui satisfait sans peine nos estomacs affamés.

Une fois rassasié, José, le mari de Julia nous emmène dans sa plantation à la découverte de tous les fruits de la régions et commence à nous expliquer tous les secrets de la culture du café, sa spécialité. Nous sommes tout ouïe et c’est en dégustant clémentines, bananes, mangues et autres fruits exotiques que nous apprenons comment se cultive le café, comment il se récolte (nous apportons d’ailleurs notre petite contribution) et comment l’on procède pour obtenir le grain prêt à moudre.
Et c’est de retour à la “chacra” (la ferme) que nous mettons en pratique cet enseignement pour dépulper, torréfier et enfin, moudre le café avant une dégustation bien méritée !

L’après-midi touche à sa fin, le soleil se couche pendant que les moustiques déferlent en masse et nous profitons de ces moments pour échanger avec nos hôtes. Ils nous parlent de leur vie et des difficultés qu’ils rencontrent dans leur volonté de développer une agriculture biologique dans un monde où la recherche de la quantité et du profit n’est pas toujours synonyme de qualité.

Dîner et rires en famille avant de regagner nos pénates pour une nuit paisible au coeur de cette jungle péruvienne.

Le lendemain matin, petit déjeuner bien copieux avant de prendre la direction de chez Raul, le voisin, producteur de Cacao. Un peu comme la veille, nous partons arpenter sa plantation en suivant ses explications sur la culture, la récolte et tous les problème qu’il rencontre et notamment le combat qu’il mène contre une petite mouche qui fait des ravages dans les cultures. Nous revenons ensuite à la ferme pour fabriquer notre propre pâte de cacao et la déguster avec quelques fruits et un bon chocolat chaud.

Embrassades et remerciements, nous repassons récupérer nos affaires chez Julia et prenons la direction de Santa Teresa, petit village nous permettant de rejoindre le village de Machu Picchu. Nous profitons des eaux termales du village pour nous relaxer et nous restaurer avant de partir pour la maison d’Alejandro, située dans les hauteurs. Ce mini trek de quelques heures longe le fleuve Vilcanota avant de monter sur son flanc oriental et offrir une vue impressionnante sur la vallée.

De son côté, Henrry a repris la route pour remonter le véhicule et alors que nous étions persuadés qu’il nous devancerait, nous le retrouvons quelques heures plus tard dans les derniers mètres qui nous mènent à la ferme : problèmes mécaniques en perspective ! Sans entrer dans les détails les accroches d’un des freins ont lâché ! Rien de très grave vous me direz, mais un “détail” de ce genre peut vite s’avérer très problématique lorsque l’on considère la petite route de montagne et son précipice que l’on doit emprunter pour le trajet du retour. Et comme ce genre de galère arrive rarement seul, une roue arrière est également à plat avec une entaille de la taille de mon index dans le pneu !!!
Bref, c’est pas gagné pour rentrer sur Cusco !

Marteau, crique, scie à métaux, lampe frontale, couteau suisse et bout de ficelle, on passe la fin de journée à tenter de réparer tout ça et c’est avec une satisfaction non dissimulée que l’on arrive finalement à tout remettre en ordre… enfin, on espère ! Heureusement qu’Henrry, chauffeur émérite par ailleurs, avait pris récemment quelques cours de mécanique… au Pérou, cela s’avère vite indispensable !

Dîner en famille et nuit bien méritée, nous prenons le lendemain matin la direction des plantations de café d’Alejandro. On profite de cette “balade” pour récolter quelques kilos d’avocats qui poussent à profusion dans les parages et, non sans regret, nous quittons notre hôte en fin de matinée pour emprunter une portion du chemin de l’Inca et redescendre dans la vallée. Notre petite escapade se termine et nous reprenons la route de retour vers Cusco, nos tablettes de chocolat et notre paquet de café en main, des souvenirs plein la tête et une certaine satisfaction d’en savoir un peu plus sur ces deux produits que nous consommons presque tous les jours sans finalement savoir vraiment comment ils arrivent jusque chez nous !

Un grand merci à Julia et sa famille, Raul et Alejandro pour leur accueil et un autre merci à Stéphanie et Abel qui nous ont fait partager leur connaissance de la jungle et de la culture du café et du cacao.

PS : notre retour se fait directement par la route mais il est également possible de rejoindre le village d’Aguas Calientes pour visiter le lendemain la fameuse cité Inca de Machu Pichu.

 

textes et Photos d’Alban.